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Vicious Circle | le label qui croit au vinyle

© Vicious Circle
Mis à jour le 04 décembre 2025

Depuis plus de trente ans, le label bordelais Vicious Circle trace son chemin dans le paysage musical indépendant français. Dans un marché où le streaming domine et où les coûts de production ne cessent d’augmenter, le label continue d’accorder une place centrale au vinyle. Un choix assumé, réfléchi, et profondément ancré dans son identité.

Le vinyle comme marque de fabrique

Le vinyle comme marque de fabrique

Fabriquer un vinyle coûte en moyenne cinq euros pièce pour un tirage standard de 500 exemplaires. Pour réduire ces coûts, Vicious Circle mise régulièrement sur des pressages plus importants, entre 1500 et 2000 unités. Chaque quantité est pensée en amont, projet par projet, afin de limiter les invendus.
Même si les années 2000 et 2010 ont marqué une période de recul — tous les groupes ne bénéficiaient plus systématiquement d’un pressage — le vinyle n’a jamais disparu du catalogue. Au contraire, il a retrouvé depuis 2015 une croissance continue, alors que les ventes de CD n’ont eu de cesse de diminuer.

Un objet qui dépasse la musique

Un objet qui dépasse la musique

Pourquoi maintenir le vinyle malgré les coûts ? Pour Vicious Circle, la réponse tient à plusieurs niveaux.
D’abord, il s’agit de proposer plusieurs formats à prix accessibles, autour de 17 euros. Ensuite, c’est l’attachement à l’objet qui guide le label : travail sur les couleurs, éditions limitées, distinction entre vinyles noirs (destinés aux grandes chaînes) et vinyles couleurs (réservés aux disquaires indépendants et à la vente directe). Les éditions limitées à 100 exemplaires ne sont pas repressées, renforçant leur caractère précieux.

Aussi, les esthétiques défendues par le label — rock indépendant et ses nombreuses déclinaisons — se prêtent parfaitement au son vinyle. Et même si certains n’écoutent le disque qu’une fois avant de retourner au streaming, le physique reste une source majeure des revenus du label.

« Le rock indé ne se stream pas beaucoup. »

Guillaume Le Collen, responsable promotion et production chez Vicious Circle –

Vicious Circle est également présent dans le paysage culturel toulousain à travers son propre disquaire, offrant un lien privilégié avec un réseau de distribution indé, loin des grandes chaînes.

À cela s’ajoute le rôle essentiel de l’image : devenu objet de collection, le vinyle est aujourd’hui un support de visibilité important. L’image a de l’importance : une belle pochette circule mieux, attire, existe sur les réseaux sociaux et chez les disquaires. Dans un secteur où la visibilité est devenue une forme de monnaie, le visuel compte presque autant que le son.

Le vinyle oui, mais pas au détriment de l’environnement

Le vinyle oui, mais pas au détriment de l’environnement

Dans leurs tous nouveaux locaux dans le quartier Saint-Seurin à Bordeaux — qu’ils partagent avec deux autres labels — nous sommes loin des entrepôts géants où les palettes s’empilent. Ici, les vinyles ne restent jamais longtemps. La plupart partent directement chez les distributeurs, en France et en Europe, dès la sortie du pressage ; d’autres sont envoyés aux groupes qui partent en tournée et la partie restante se partage entre les rayonnages derrière les bureaux des salariés et un garage qui leur sert de lieu de stockage. Une manière de limiter les transports inutiles et de réduire la taille des stocks.

Le label a également fait le choix stratégique de s’associer avec deux autres structures pour acquérir une presse commune chez Vinyles Record Makers (VRM) à Châtellerault. Cette proximité avec l’usine permet d’affiner les besoins, de fluidifier la communication, et de réduire les coûts de pressage et de transports.

Une production plus vertueuse

La partie la plus polluante actuellement reste la fabrication des matrices, nécessitant l’usage de bains chimiques. Outre le transport et le stockage, la production du vinyle en lui-même a forcément un impact environnemental non négligeable. Vicious Circle y est attentif et travail avec des partenaires qui s’engagent dans une production plus vertueuse. Chez VRM (société de pressage), toute la chaîne de production est européenne, à l’image des impressions qui sont réalisées en Allemagne auprès d’un imprimeur engagé dans une démarche zéro déchet. De plus, le PVC utilisé pour les disques a évolué : les stabilisants au plomb ont été remplacés par des solutions biosourcées.
S’il reste du chemin à parcourir, la filière travaille activement à réduire son empreinte carbone, tout comme pour les CD dont les boîtiers contiennent désormais moins de plastique, voire plus du tout chez Vicious Circle.

ReDISCO : recycler plutôt que stocker

Avec 32 ans d’existence, le label a dû apprendre à gérer des stocks parfois importants. Pour limiter la perte, les quantités de pressage sont optimisées, et Vicious Circle a participé à plusieurs éditions du projet ReDISCO, porté par La FÉLIN, dédié au recyclage des vinyles.

Les postes d’émissions du secteur des musiques enregistrées

Situons à présent l’impact du vinyle dans les différents postes d’émissions de gaz à effet de serre des musiques enregistrées. Le rapport REC « Réduisons notre empreinte carbone » — porté par le CNM, le SNEP, l’UPFI et le SMA — publié en septembre 2024, stipule que l’ensemble des émissions du secteur s’élevait à 2 780 ktCO₂e en 2022. Si la fabrication du vinyle et sa distribution ont un impact certain, ces deux postes d’émission sont tout à fait marginaux sur la globalité du secteur : moins de 2% seulement.

Visuel qui représente un graphique sous forme de camembert avec les données suivantes : 74% fabrication et consommation d'énergie des terminaux d'écoute ; 22% distribution digitale ; 2% production de musique ; 1% fabrication et fin de vie des supports ; <1% distribution physique.

L’écoute de la musique sur les supports numériques est extrêmement énergivore. L’écoute sur support physique n’est pas sans impact pour autant car elle nécessite l’utilisation de terminaux plus spécifiques (lecteur CD, platine vinyle…). Ses émissions sont moindres car le volume d’écoute est plus faible par rapport au digital.
Toutefois, si l’on regarde les émissions liées aux supports d’écoute, on constate que pour une heure d’écoute le vinyle est le plus émetteur de tous (en comparaison au téléchargement, à l’audio, la vidéo, la radio, la télévision et au CD). La fabrication et la fin de vie des platines est la partie la plus émettrice, suivie de la fabrication et fin de vie du vinyle en lui-même et enfin de sa distribution.


Le saviez-vous ?

Un acteur fédérateur du secteur indépendant

Philippe Couderc, fondateur de Vicious Circle en 1993, a toujours défendu une vision collective du métier. Il a contribué à impulser des structures majeures telles que Le RIM (Réseau des indépendants de la musique) et La FÉLIN (Fédération Nationale des Labels et Distributeurs Indépendants). C’est donc tout naturellement que l’équipe actuelle de Vicious circle continue de participer à ces dynamiques fédératrices. La volonté de mutualiser les forces et de défendre les valeurs du secteur indépendant fait partie de l’ADN du label.

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Prix Jean-Lacouture | Un héritage littéraire, journalistique et néo-aquitain

Prix Jean-Lacouture ©Sebastien Blanquet-Riviere
Mis à jour le 26 novembre 2025

Pourquoi un prix régional pour célébrer l’héritage de Jean Lacouture ? Au moment d’évoquer les quatre premiers brillants lauréats, il convient de replacer le journaliste dans l’histoire néo-aquitaine et littéraire.

A l’occasion du centenaire de sa naissance – le 9 juin 1921, à Bordeaux –, la Nouvelle-Aquitaine a souhaité honorer son souvenir, à la hauteur de l’empreinte laissée. Ainsi fut créé le prix littéraire Jean Lacouture, sous l’impulsion d’Alain Rousset, en compagnie d’une partie de celles et ceux qui l’ont accompagné – dont le président du jury, Hubert Védrine. Autour de lui, un comité exceptionnel s’employa ainsi à définir, au fil des discussions et des lectures, son héritage littéraire. Et c’est ainsi qu’Anne-Marie Cocula, Elisabeth Guigou, Bernard Guetta, Yves Harté, Jean-Noël Jeanneney, Claude-Catherine Kiejman et Hubert Védrine tracèrent les grandes lignes de ce prix naissant ; qu’elles et ils soient historiens, ministres, universitaires, écrivains ou journalistes, chacun avait en partage l’amitié ineffable qui les liait à Lacouture, disparu en 2015, doublée d’une admiration qui perdure.

De l’homme à l’héritage

De l’homme à l’héritage

« Plume hors pair et reporter hors catégorie », précise Alain Rousset, « Lacouture inventa un genre littéraire nouveau, celui d’écrivain-biographe, tandis qu’il sillonnait le monde et traversait son siècle. Monstre de sensibilité à l’empathie contagieuse, « larger than life » écriraient les Américains, pétri de culture sans être pédant, curieux de tout et de tout le monde, il captait la lumière et la restituait en démultipliant son éclat. Sa capacité d’émerveillement aiguisait son regard, parfois jusqu’à l’éblouissement.
Disparu en 2015, il nous laisse en héritage son inimitable style, enlevé et précis, qui l’inscrit dans la longue tradition des lettrés régionaux, autant qu’il l’en démarque. »

Reste une interrogation : de quoi Jean Lacouture est-il encore le nom ?

4 premiers lauréats

Quatre premiers lauréats

Thomas Snégaroff

En 2022, un premier lauréat vit le jour, l’historien et journaliste Thomas Snégaroff, pour son ouvrage Putzi aux éditions Gallimard, biographie romanesque consacrée à Ernst Hanfstaengl, dit le « pianiste d’Hitler ». À sa remise, à Bordeaux, Hubert Védrine précisa la démarche du jury et cette toute première sélection : « Alain Rousset a eu une idée géniale en créant ce prix Jean-Lacouture, d’autant plus que tous les membres du jury l’ont connu. On s’est mis au travail et on a lu plusieurs très bons livres écrits par des journalistes, le critère principal. »

L’ouvrage de Thomas Snégaroff est déconcertant et traité avec tellement d’intelligence et de finesse que l’unanimité s’est faite.

Hubert Védrine, président du jury –

Un honneur de taille pour le lauréat, figure respectée de France Inter, Brut et France Télévisions. Mais aussi spécialiste des Etats-Unis, auteur de biographies remarquées, qu’elles soient consacrées à John F. Kennedy ou le couple formé par Bill et Hillary Clinton. « Jean Lacouture est un modèle pour toute personne qui écrit et fait des biographies. C’est un livre qui m’a donné beaucoup de plaisir à écrire. C’est une hybridation, entre la littérature et le journalisme. L’enjeu était de raconter un siècle d’histoire à travers le regard d’un homme. »

Florence Aubenas

L’année suivante, le choix du jury se porta sur une lauréate tout aussi prestigieuse, grande reporter au Monde, Florence Aubenas, pour son recueil Ici et ailleurs, aux éditions de L’Olivier. C’est un tout autre aspect de l’héritage lacouturien qui se trouvait ici célébré ; moins le biographe admiratif que le journaliste à l’écriture ciselée, trouvant les mots qui nous manquent pour décrire l’époque dans laquelle nous vivons.

Dans ces textes poignants, la journaliste propose un voyage au gré des diverses actualités mondiales, s’étirant sur huit années – du confinement à la guerre en Ukraine, d’un éleveur tué par un gendarme aux premiers ronds-points des Gilets jaunes.

À sa réception, en 2023, Florence Aubenas s’est interrogée : « Pourquoi moi ? Jean Lacouture, c’était bien ce type très élégant, qui écrivait des éditos en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire, qui tutoyait Khrouchtchev, qui savait tout écrire, de la chronique sportive aux grands reportages ! » Elle poursuivit à travers sa propre perception de celui qui donna son nom au prix : « Jean Lacouture, c’est tout un monde et c’est à chacun d’entre nous d’inventer le sien. Moi, mon Jean Lacouture, c’est celui qui laissait des zones d’ombres dans ses biographies en disant : le lecteur doit avoir son propre avis. »

Mon Jean Lacouture, c’est aussi celui qui disait : la neutralité ? Quel mot absurde. Toute enquête est un parti pris.

Florence Aubenas, lauréate du prix en 2023 –

Ainsi, le portrait en creux de Jean Lacouture se dessinait, par petites touches, grâce aux choix du jury et aux mots des lauréats. À lire la bibliographie pléthorique et foisonnante de Jean Lacouture, doit-on s’étonner que le lacouturisme soit si complexe à définir avec précision et concision ?

Outre ses grandes biographies politiques – Blum, Mendès France, Mitterrand et de Gaulle –, d’autres sont moins connues – Malraux, Hô Chi Minh, Mauriac, Nasser ou Champollion –, tandis que certaines de ses enquêtes plumitives sont inclassables, à l’image de ses Jésuites, en deux tomes, son original Montaigne à cheval, son improbable mais subtil Eloge du secret, ou encore, parmi tant et tant d’autres, son portrait Carmen passionné.

Frédéric Lemaître

Conformément à la diversité de cette profusion lacouturienne, le jury choisit un troisième lauréat s’étant tourné vers l’Asie dans ses pérégrinations journalistiques et éditoriales, comme le grand reporter en son temps indochinois. Il s’agit de Frédéric Lemaître, pour son livre Cinq ans dans la Chine de Xi Jinping, aux éditions Tallandier.

En 2024, Hubert Védrine détailla cette décision du jury : « De nombreux livres sont publiés sur la Chine, sur ses dimensions politiques, économiques, sur le caractère dictatorial du régime. Aussi ces ouvrages, souvent, de manière assez grégaire, se concentrent sur telle ou telle faille du système chinois. »

Frédéric Lemaître, lui, parle d’un sujet que les autres ne traitent pas : la vraie vie des gens. Les religions, l’éducation … Il nous éclaire sur une question centrale : et les Chinois dans tout ça ?

Hubert Védrine, président du jury –

Et l’auteur, ancien correspondant du Monde en Chine, de confesser son admiration pour Lacouture, en recevant son trophée : « Ses écrits ont été formateurs pour moi. Ils impressionnaient le jeune journaliste que j’étais. Je me retrouvais dans sa sensibilité politique, proche de la deuxième gauche. Et il a su, le cas échéant, reconnaître ses erreurs : le signe d’une grande probité intellectuelle. »

Un jury élargi
Un jury élargi

Chemin faisant, le prix Jean-Lacouture vit son jury s’élargir l’année suivante, à travers quatre personnalités de haut vol : Matthias Fekl, Isabelle Lasserre, Enrico Letta et Thomas Wieder ; illustrant par leurs parcours la capacité d’attraction de l’écrivain néo-aquitain, dont l’œuvre se trouve néanmoins confrontée au défi de la transmission à des générations n’ayant pas grandi avec ses biographies ; sans avoir la possibilité, non plus, d’accéder à ses articles, dans les limbes des archives jaunissantes des organes de presse, (bien) avant Internet. Et sans initiative des maisons d’édition, hélas, pour les rassembler, les diffuser.

C’est dans cet esprit, aussi, qu’opère le jury du prix Jean-Lacouture, transmettre une certaine vision du journalisme, à l’échelle humaine, plume à la main.

Dans cette démarche, des amis s’associent aux célébrations lacouturiennes, comme Alain Juppé ou Bernard Cazeneuve, témoignant de la vitalité de cet héritage. Ainsi que Lionel Jospin, l’ancien Premier ministre ayant même confié son admiration pour « l’étincelant Aquitain », se souvenant de la joie que lui apportait ses productions écrites : « j’ai guetté les textes du reporter, du portraitiste ou du chroniqueur et je les ai goûtés avec cette sensation d’allégresse sérieuse que la plume virtuose de l’auteur savait si bien susciter. »

Judith Perrignon

En 2025, enfin, une quatrième lauréate a été sélectionnée par le jury ainsi élargi, réunissant plusieurs des caractéristiques littéraires et journalistiques recherchées : Judith Perrignon et son Autre Amérique, aux éditions Grasset, portrait sensible de Franklin Delano Roosevelt à travers ses combats contre les excès du capitalisme, dans le contexte de la montée du nazisme. Elle s’appuie notamment sur le journal intime de Henry Morgenthau, son secrétaire d’Etat au Trésor, pour nourrir son récit original.

L’autrice explique ce qui l’anima : « On a beaucoup dit à ma génération que le réalisme doit primer en politique. Ce que j’ai aimé chez Roosevelt, c’est qu’il incarne à la fois le pragmatisme et l’idéalisme, l’action concrète et le souffle des convictions. Et il était l’allié des gens. Il savait pour qui il gouvernait. »

Transportés dans une autre époque, aux échos néanmoins d’une actualité étonnante, dans les pas d’un grand homme, lectrices et lecteurs sont portés par une plume vive, dense, évocatrice. A n’en pas douter, on retrouve bien, là, un certain Lacouture.

L’enquête lacouturienne

L’enquête lacouturienne

Par ces quatre livres, l’enquête lacouturienne s’affine, tout en laissant des « zones d’ombre », les mêmes qui plurent tant à Florence Aubenas. Une part de sensibilité, peut-être. Sa postérité est-elle mouvante, miroitant au gré des bouleversements mondiaux, du retour de l’Histoire dans un monde en quête de repères ?

« Que dirait-il aujourd’hui de l’étrange période où l’humanité, pour la première fois menacée dans ses conditions d’existence par le réchauffement de la Terre, voit tant de ses dirigeants choisir la violence et la guerre plutôt que la coopération entre les nations ? », s’interroge justement Lionel Jospin.

Chacune et chacun à sa manière, les quatre lauréats esquissent une réponse par l’écriture, la réflexion, leur regard. « L’erreur serait de l’enfermer dans son époque », nous alerte Hubert Védrine. « Car il y a l’énergie, la curiosité, la vie. Qui sait ? Il y a tant à faire, comprendre à nouveau, sans juger, dans ce monde multipolaire combattif, évolutif, chaotique, trente ans après que l’Occident ait cru avoir gagné la bataille de l’Histoire. Immense illusion d’optique. D’autres talents sont là, certainement, qui naissent et grandissent, d’autres formes d’expression qui vont s’affirmer, pour décrypter comme pour portraiturer. »

Laissons-nous regagner par ce contagieux « goût des autres » qui est la marque de Jean Lacouture et qu’on voudrait transmettre.

Hubert Védrine, président du jury –

Une noble mission que celle-ci, que la Région s’enorgueillit de porter, en résonnance avec ses autres prix littéraires, ses manifestations culturelles et ses rencontres journalistiques. Vive Jean Lacouture !

 

Article écrit par Guillaume Gonin, secrétaire général du prix Jean-Lacouture 

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L’intime rapport à la danse

© Pic la poule
Mis à jour le 21 novembre 2025

La compagnie Pic la Poule questionne l’intime rapport à la danse de chacun dans un projet de territoire sur le quartier de Beaulieu à Poitiers.

Pic la Poule est une compagnie de danse contemporaine, installée depuis de nombreuses années à Poitiers. La directrice artistique, Barbara Blanchet, s’intéresse particulièrement à la pratique amateur et à la relation entre le mouvement et l’espace, tout comme à la relation intime que chacun entretient avec la danse.

Le récit de l’intime rapport à la danse de chacun

Le récit de l’intime rapport à la danse de chacun

Pour le projet de territoire dans le quartier de Beaulieu, Barbara Blanchet travaille sur le temps long. Ainsi, elle a structuré ce projet en 3 volets s’échelonnant de début 2023 à fin 2025. L’objectif de ce travail est multiple : valoriser ce quartier dans sa dimension architecturale et humaine et parler de danse, de la pratique mais également des liens que chacun entretient avec cet art. Pour ce faire, la compagnie a décidé de mêler deux esthétiques : la danse et la photographie.

Après deux années d’interventions dans le quartier auprès des adultes et des enfants (vous pouvez en lire le détail plus bas), la compagnie Pic la Poule a finalement décidé de parler de danse, non pas par les corps en mouvement, mais par une approche plus intimiste, à savoir le recueil de témoignages d’habitants du quartier sur leur rapport à cet art.

Un projet en 3 volets

Un projet en 3 volets

Paysage(s) Intérieur(s)

Début 2023, Pic la Poule débute la démarche avec le projet Paysage(s) Intérieur(s) dans le but de poser un regard sensible sur les espaces du quartier. Plusieurs actions ont été menées sur l’année avec le souhait de rencontrer des habitants du quartier et de les rendre acteurs de ce projet artistique.
La première étape fût une déambulation dansée permettant de mettre en lumière différents espaces du quartier tels que la place de Templiers, les allées Marigny ou l’ensemble de la Grand Goule.
Parallèlement à cela, Barbara Blanchet et Vincent Curdy, le photographe, ont invité les habitants à se faire tirer le portrait. Enfin, Vincent Curdy a réalisé une vingtaine de photographies d’architecture et espaces naturels du quartier.

Fleur
Remise en question

Même si ce premier volet a touché un public de 300 personnes (tous évènements confondus), la compagnie estime ne pas avoir réussi son pari initial à 100%, à savoir impliquer réellement les habitants. A titre d’exemple, la déambulation dansée a réunie plusieurs personnes certes mais peu de danseurs étaient réellement des habitants du quartier.
Forte de ce constat, elle a redoublé d’inventivité pour palier à ce manque en instaurant une relation de confiance avec les personnes du quartier. Pour établir cette relation, Barbara a fait le choix de travailler avec les enfants de l’école primaire, moyen de toucher également leurs parents.

Faire corp(s)

Pour la deuxième année du projet de territoire, Barbara Blanchet a souhaité travailler avec les enfants du quartier pour leur donner envie de regarder autrement leurs lieux de vie quotidiens. Elle a alors monter un projet d’éducation artistique et culturelle avec l’école élémentaire Bouloux qui a amené les élèves à :

||| Pratiquer la danse dans et hors le murs,
||| Assister à un spectacle de danse professionnel,
||| Questionner l’architecture de leur quartier au regard de bâtiments du monde entier.

Un autre visible

Pour le dernier volet du projet, Pic la poule était déjà identifiée dans le quartier, puisque Barbara y intervenait depuis déjà deux ans. Cette présence sur le long terme lui a permis de créer des liens de confiance et donc d’approcher et intéresser des habitants du quartier qui, jusque-là, restaient un public difficile à atteindre.
Aussi, Barbara Blanchet a voulu revenir à la danse, non pas par les corps en mouvement, comme dans les précédents volets, mais par une approche plus intimiste. Elle souhaitait interroger ce que la danse signifie pour les gens de ce quartier. Pour cela, elle a de nouveau travaillé avec Vincent Curdy (photographe). La compagnie a établi un questionnaire qui permettait d’interroger les personnes sur ce que la danse représente pour eux : est-ce qu’ils se font beaux pour aller danser ? Est-ce qu’un objet en particulier les relient à la danse ? Etc.

Les témoignages des habitants volontaires ont été enregistrés et Vincent Curdy a réalisé une série de photographies de détails, objets en lien avec les paroles déposées.

La restitution de ce projet est prévu à l’automne 2025, au « Préau » (lieu central de Beaulieu), sous la forme d’une exposition photographique et sonore.

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Le COM TV, vous connaissez ?

Vignette COM TV

Un « COM TV » (contrat d’objectifs et de moyens pour les télévisions) constitue le cadre administratif qui fixe les conditions de soutien financier des collectivités territoriales à des télévisions locales.

Pourquoi financer les télévisions locales ?

Pourquoi les collectivités financent-elles les télévisions locales ?

Les collectivités territoriales s’appuient sur les contrats d’objectifs et de moyens pour soutenir les télévisions locales de manière stratégique, transparente et encadrée, dans une logique de service public de proximité, de développement local et de soutien au pluralisme médiatique. Cela permet notamment de favoriser la participation citoyenne, de relayer l’information de proximité, de renforcer la transparence de l’action publique locale, mais aussi de soutenir l’économie locale et la filière audiovisuelle. Le COM TV offre un cadre structuré qui aide à préserver l’indépendance journalistique tout en s’assurant que les fonds publics sont bien utilisés.

Comment fonctionne le COM TV ?

Comment fonctionne le « COM TV » en Nouvelle-Aquitaine ?

Les « COM TV » (il y en a plusieurs) sont en réalité l’aboutissement d’un processus en plusieurs étapes :

  1. La Région – à travers un comité de suivi composé d’élus régionaux représentatifs de l’ensemble de l’assemblée régionale et des services de la collectivité – définit son « service public télévisuel régional ». Cela prend la forme d’un appel à projets qui rappelle le cadre et les objectifs généraux du COM TV et qui décrit de manière précise les conditions d’éligibilité et les attentes de la Région vis-à-vis des chaines potentiellement candidates (projet éditorial global, moyens techniques et diffusion…).
  2. Les candidatures reçues sont ensuite étudiées, puis, les chaines présélectionnées sont auditionnées par le comité de suivi qui émet alors un avis.
  3. Les propositions du comité de suivi sont ensuite soumises au vote de l’assemblée plénière régionale, sous la forme de contrats d’objectifs et de moyens bilatéraux entre la Région et chacune des chaines sélectionnées.
  4. D’une durée de trois ans renouvelables, les COM TV font l’objet d’un suivi régulier de la part des services de la Région et du comité de suivi.

 

Quelles télévisions en Nouvelle-Aquitaine ?

Quelles sont les télévisions bénéficiaires d’un COM TV en Nouvelle-Aquitaine ?

Elles sont au nombre de 4 pour la période 2025-2027 :

||| France Télévision : diffusion via la chaine NoA disponible sur les box et France 3 Nouvelle-Aquitaine via la TNT et qui traite de l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Aquitaine ;

||| TV7 Bordeaux : diffusion hertzienne sur la Gironde uniquement ainsi que via la TNT et les box. Néanmoins, les programmes soutenus dans le cadre du COM TV traitent bien de l’ensemble du territoire régional ;

||| ÒCtele : diffusée sur internet, les sujets sont entièrement en langue occitane et concernent bien l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine occitanophone ;

||| Kanaldude : diffusée sur internet et via les box depuis le printemps dernier, les programmes sont entièrement en langue basque. Il traitent quasi exclusivement (hormis les documentaires) le territoire du Pays Basque de France.

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En coulisses | Voyage sonore au cœur de la MÉCA

En coulisses
Mis à jour le 28 août 2025

Découvrez la MÉCA autrement, à travers une série de cinq podcasts sur les coulisses de ce lieu emblématique de la culture en Nouvelle-Aquitaine.

À l’occasion des cinq ans de l’ouverture de la MÉCA, la Région Nouvelle-Aquitaine a passé une commande artistique à Unendliche Studio pour la création de En coulisses | Voyage sonore au cœur de la MÉCA. Une série de podcasts en cinq épisodes, conçue comme une exploration sensible et immersive des coulisses de ce lieu culturel dédié à l’accompagnement des filières du spectacle vivant, du livre et du cinéma ainsi qu’à la diffusion de l’art contemporain.

Portée par la voix grave et habitée de Pascal Bouaziz, auteur et musicien, cette création sonore tisse un récit intime et poétique de la MÉCA, de celles et ceux qui l’animent, des gestes, des idées, des présences qui la traversent.

« En coulisses » est une création artistique sonore d’Eddie Ladoire, qui invite à une immersion à la fois singulière et collective, pour célébrer six ans de création, de rencontres et de territoires.

Épisode 1

Épisode 1 | Pile en plein cœur

À la MÉCA, tout commence au centre : une architecture qui ouvre, relie et rayonne sur toute la Nouvelle-Aquitaine. Découvrez comment ce bâtiment devenu emblème est pensé pour soutenir la culture sous toutes ses formes.

Épisode 2

Épisode 2 | Le secret c’est le vide

À la MÉCA, ce qui frappe, c’est l’espace : un vide vivant, propice à la création. Comment l’architecture sublime ce vide ? Comment le vide créait-il la circulation ? Réponses dans l’épisode 2.

Épisode 3

Épisode 3 | ça bosse !

Dans les coulisses de la MÉCA, artistes, technicien·ne·s, chargé·e·s de mission, de production, régisseur·euse·s, médiateur·trices, s’activent. Dans la ruche ça bosse, ça turbine, et il faut au moins ça pour soutenir, accompagner et diffuser la création, de Bayonne jusqu’à Guéret, à travers les 84100 km2 de notre grande région !

Épisode 4

Épisode 4 | pour tout le monde

La MÉCA, ambassade culturelle des territoires… et des publics : ouvrir la culture à toutes et tous et faire culture avec toutes et tous, c’est son ADN. Découvrir, rencontrer, connaitre et pratiquer : embarquez dans notre mission culturelle.

Épisode 5

Épisode 5 | Hors les murs

Depuis la MÉCA vers les territoires. Ici, on conçoit, on créé, on accueille. Partout, on rencontre, on diffuse, on collabore. Découvrez comment depuis la MÉCA, la culture irrigue toute la Nouvelle-Aquitaine

Journées Européennes du Patrimoine 2025

A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, les 20 et 21 septembre 2025, des séances d’écoute collective sont programmées : l’occasion de faire l’expérience sonore des coulisses de la Méca confortablement installé au MÉCAstudio.

Les résidents
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Axut! | Chiche, on ose le théâtre en basque !

Photo du spectacle Lurrez Estali de la cie Axut

Axut! est un collectif d’artistes qui ose le théâtre en basque. Et quand on dit basque c’est bien exclusivement dans cette langue, sans aucune traduction ou passages en français.

Des créations engagées

Des créations engagées

Je travaille dans ma langue et dans ma culture pour que mes enfants aient le droit de vivre, d’imaginer, de rêver et de se fâcher dans leur langue.

Ximun Fuchs, metteur en scène et co-fondateur d’Axut! –

Axut! (qui signifie chiche en basque) ose le théâtre contemporain en basque. Toutefois, la compagnie ne se limite pas à défendre la langue basque et l’identité culturelle de ce territoire en l’employant dans ses créations. Le collectif va plus loin en choisissant des thèmes qui résonnent particulièrement pour le territoire bascophone (de chaque côté de la frontière) tel que la paysannerie, les migrations, la quête d’identité… Aussi, en plus de cela, la compagnie est très attentive aux enjeux écologiques qu’elle questionne dans ses spectacles. Elle privilégie également des tournées locales et imagine des scénographies sobres pour réduire son empreinte carbone.

La diffusion de spectacles en basque

La diffusion de spectacles en basque

Produire et diffuser des spectacles exclusivement en langue basque peut sembler un pari fou et un projet économique voué à l’échec. Comprises uniquement par des locuteurs basques, ces créations semblent ne s’adresser qu’à une minorité de personnes et donc être vouées à n’être jouées que dans quelques lieux du Pays basque.

Axut! a contourné cette contrainte en l’intégrant pleinement et en en faisant sa force. Ainsi, leurs pièces sont écrites en lien avec leur territoire d’implantation, les habitants et tout l’écosystème culturel basque. Elles sont ensuite jouées principalement dans le Pays basque mais les représentations sont nombreuses (notamment du fait qu’elles ne sont pas créées uniquement pour des salles de spectacles) et attirent beaucoup de public. On pourrait alors penser qu’une tournée de diffusion sur un si petit territoire a un modèle économique peu viable. Pourtant, Axut! a joué 71 fois la pièce Hondamendia sur une saison ! A titre de comparaison, 52% des compagnies françaises ont moins de 20 dates par saison, selon Lapas, et seulement 15% ont entre 50 et 100 dates.

Carte du Pays basque
Carte des provinces du Pays basque
Des valeurs écologiques

Des valeurs écologiques

On a tendance à ne rien imposer aux autres mais à se l’imposer à nous-même.

Ximun Fuchs, metteur en scène et co-fondateur d’Axut! –

Les membres d’Axut! sont très attentifs aux questions environnementales. Ils s’imposent donc des pratiques éco-responsables pour leurs créations :

  • une alimentation en circuit court,
  • des déplacements limités pendant les phases de création, facilités par le fait que toutes les personnes de l’équipe sont proches géographiquement,
  • des scénographies sobres et minimalistes pour qu’elles puissent tenir dans un petit fourgon lors des tournées,
  • des tournées dans un rayon de 250 km environ.

Outre ces mesures prises au sein même de la compagnie, Axut! aborde et questionne les enjeux de la transition écologique dans toutes ses productions théâtrales. L’écologie est ainsi au cœur des sujets abordés dans les créations, à l’image de Lurrez Estali qui parle de paysannerie et dans laquelle les questions autour de la nourriture, de la façon de se nourrir et de produire sont bien entendu traitées.

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Culture & Patrimoine
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Cinéma et audiovisuel
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Une série oui, mais en occitan !

Clap de la série Lo Clacamion
Mis à jour le 21 juillet 2025

Eva Cassagnet est autrice et réalisatrice de séries. Nous l’avons rencontrée à l’occasion de la diffusion de Lo Claclamion, une série en occitan.

Ecrire en occitan n’est pas une première pour Eva Cassagnet, habituée à utiliser cette langue pour raconter des histoires. Professeure des écoles, elle écrit des livres jeunesse en occitan depuis de nombreuses années. Elle a décidé il y a quelques années de se lancer dans l’écriture de scénarios et dans la réalisation de séries, toujours dans sa langue régionale. Son prochain objectif : tourner un long métrage en occitan !

Réaliser en occitan

Réaliser une série en occitan

Quelles sont les difficultés liées aux projets en langue régionale ? Quels freins faut-il lever ? Eva Cassagnet nous partage son expérience après deux séries réalisées pour des chaînes de télévisions régionales.

Une diffusion contrainte

Une diffusion contrainte

La difficulté principale des projets audiovisuels en langue régionale est sans doute la diffusion. La création en occitan trouve sa place dans les grilles des chaînes régionales dont la ligne éditoriale est la valorisation de la langue, à l’image d’ÒCtele par exemple, mais elle reste très rare sur les autres chaînes régionales et nationales. Si quelques programmes en occitan sont diffusés sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, les séries ou films en occitan n’y ont que très peu de place, voire pas du tout.

Pour remédier à cela, les chaînes régionales se mobilisent et lancent des appels à projets pour favoriser la création audiovisuelle en occitan. Ainsi, Eva Cassagnet a pu proposer deux projets de séries, produits par Saison 5 et diffusés sur plusieurs chaînes régionales : TV7 et ÒCtele en Nouvelle-Aquitaine.

Un projet du COM TV

Un projet du COM TV

La série Lo Clacamion est un projet soutenu par la COM TV de la Région Nouvelle-Aquitaine, dans le volet « création ».

Ce volet « soutien à la création et à la production audiovisuelle » du Contrat d’objectif et de moyen pour le service télévisuel régional permet aux chaînes de télévisions bénéficiaires de financer des projets de création qui relèvent du documentaire ou de la fiction. A travers des enveloppes budgétaires régionales dédiées, les chaînes peuvent proposer des appels à projets spécifiques. C’est en répondant à un appel à projets pour des séries qu’Eva Cassagnet a pu réaliser Lo Clacamion.

Le saviez-vous ?

Le COM TV soutient les langues régionales en participant au financement de programmes et créations audiovisuelles dans les trois langues régionales de Nouvelle-Aquitaine.

Des programmes :

||| en basque sur Kanaldude (100% bascophone), mais également sur TV7 qui diffuse le programme « Hemendik » en euskara ;
||| en occitan sur Òctele, et sur NoA (nouveau programme en occitan, intitulé « Et T’Òc ») ;
||| en Poitevin-Saintongeais avec une nouvelle saison de « Kétokolé », abécédaire raconté par le comédien Yannick Jaulin pour NoA et France 3.

Regarder la série
Regarder la série
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Culture & Patrimoine
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Livre
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La Fanzinothèque | Haut lieu de la culture underground

La Fanzinothèque © William Windrestin
Mis à jour le 11 juillet 2025

La Fanzinothèque de Poitiers est une mine d’or de la culture underground. Avec 60 000 références, elle constitue la plus grande collection de fanzines d’Europe, voire au monde !

Le fanzine est un objet éditorial imprimé qui peut prendre différentes formes et traiter de n’importe quel sujet. Sa particularité : être conçu et diffusé par des amateurs passionnés, en dehors de tout circuit classique de l’édition. Ainsi, il ne possède pas d’ISBN comme pour les livres ou d’ISSN pour les journaux. Pour cette raison il est extrêmement difficile à identifier et conserver. C’est pourtant le pari qu’à fait La Fanzinothèque de Poitiers : garder une trace de ces objets, témoins d’une culture underground, indépendante, qui utilise le fanzine pour véhiculer ses messages, passions et prises de position.

La Fanzinothèque de Poitiers

La Fanzinothèque de Poitiers

Créée en 1989 par un collectionneur qui a fait don de ses 200 fanzines, la Fanzinothèque de Poitiers a pour mission la collecte, la numérisation, l’archivage et la valorisation de la plus grande collection au monde de fanzines (environ 60 000 références). Située au Confort moderne, friche culturelle à Poitiers, elle propose 4 à 5 expositions par an, un atelier de sérigraphie, un espace librairie/dépôt-vente, et des résidences de création, en plus des missions citées ci-dessus.
Elle anime le Confort moderne avec les autres associations qui habitent ce lieu. Par exemple, elle peut accueillir des concerts de la SMAC Nage Libre ou des temps de rencontres lors de festivals sur le site grâce à un mobilier entièrement sur roulettes qui permet de réaménager l’espace facilement et rapidement.

L’histoire du fanzine
L’histoire du fanzine

Issu de la contraction des deux mots « fan » et « magazine », le fanzine est véritablement lancé par le mouvement punk dans les années 1970. Toutefois, les premiers fanzines naissent aux Etats-Unis dès 1930 ! Ils seraient apparus pour la première fois dans la sphère des lecteurs de science-fiction qui, mécontents que leur genre de prédilection soit relégué en sous-genre littéraire, partagent leur passion dans des publications auto-éditées.

Le véritable essor du fanzine advient après 1968, d’abord comme objet de contestation politique produit par les étudiants, puis repris par la culture underground des mouvements punks, anarchistes, féministes, etc.
Dans les années 1990, la bande dessinée alternative s’empare du fanzine qui devient alors plus graphique.
L’arrivée d’internet et des blogs, qui permettent une instantanéité de publication, ralentissent la production de fanzines imprimés. Cependant, l’objet n’est jamais totalement abandonné, internet étant aussi un terrain d’expression surveillé.
Aujourd’hui, de nombreux sujets d’actualité sont au cœur des fanzines tels que les causes LGBT+, l’écologie, le féminisme… C’est également un format éditorial très plébiscité par les artistes qui utilisent ce médium en travaillant autant le fond que la forme.

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Culture & Patrimoine
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Musiques
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SMAC pour tous, tous pour les SMAC !

vignette SMAC © William Windrestin

La Nouvelle-Aquitaine compte 14 SMAC (Scènes de Musiques Actuelles) sur son territoire (15 depuis septembre 2025), dont les deux premières structures de France à avoir reçu ce label !

Le label SMAC succède au dispositif les « Cafés-musique », en 1996. Il s’agit d’un label du Ministère de la Culture qui repose sur un cahier des charges précis. Avec ce dispositif, l’Etat souhaite travailler un maillage territorial important pour une diffusion des musiques actuelles sur l’ensemble du territoire national ; l’objectif étant d’aboutir à une scène labellisée par département.

Frise chronologique SMAC Nouvelle-Aquitaine / infographie Laurence Navarro-Hantz
Les SMAC en Nouvelle-Aquitaine

Les SMAC en Nouvelle-Aquitaine

Entretien croisé

Entretien croisé

Mathilde Coupeau, directrice de Nage libre, Delphine Tissot, directrice de L’Inconnue et Rémi Chastenet, directeur du Sans Réserve, partagent leur expérience et réflexions dans un entretien croisé. Ils évoquent le lien entre les équipes d’une SMAC, les artistes et les habitants mais aussi de coopération et de transition écologique.

Qui sont-elles ?

Qui sont-elles ?

A ce jour, en juin 2025, 14 structures de musiques actuelles sont labellisées SMAC en Nouvelle-Aquitaine. En ville ou à la campagne, elles partagent les mêmes missions « socles » imposées par le label mais se différencient par plusieurs aspects. Certaines, à l’image de Nage libre à Poitiers, ont fait le choix de promouvoir une seule esthétique musicale, ici les musiques expérimentales. D’autres, mêlent musiques et arts visuels, à l’instar du Confort moderne qui partage des projets avec la Fanzinothèque (sa voisine) et propose des expositions dans ces murs.

Toutefois, malgré des projets propres à chaque structure, les SMAC de Nouvelle-Aquitaine partagent des réflexions communes et se fédèrent autour de réseaux (le RIM) ou syndicats (SMA).

Logo du CaféMusic
Le CaféMusic labellisé

Le CaféMusic, salle de concerts à Mont-de-Marsan, dans les Landes, a obtenu le label SMAC en septembre 2025. La nouvelle est tombée 1 an après la réouverture du CaféMusic qui avait connu une période de travaux pour moderniser sa salle, accueillir de nouveaux studios de répétitions et des salles de formation, incluant un pôle dédié au numérique.

Une histoire qui continue de s’écrire

Une histoire qui continue de s’écrire

Les deux première scènes à avoir reçu le label SMAC dans les années 90 se situent toutes deux en Nouvelle-Aquitaine : Le Florida à Agen fut la première, suivie de peu par la Rock School Barbey à Bordeaux.

La frise chronologique permet de comprendre le maillage de ces scènes de musiques actuelles qui s’est tissé au fur et à mesure par département puis au sein de la grande région.
Actuellement, une nouvelle SMAC est en cours de préfiguration. Il s’agit d’une SMAC un peu particulière car elle ne sera pas implantée sur un seul lieu principal mais devrait être une SMAC regroupant plusieurs scènes du territoire en un même projet commun. Celle-ci travaillera dans le département de la Creuse, dépourvu jusqu’à présent de scènes labellisées.

Le saviez-vous ?
Le saviez-vous ?

96 structures sont aujourd’hui reconnues par le label « Scènes de Musiques Actuelles » sur l’ensemble du territoire français, aussi bien en milieu urbain que rural.

Elles remplissent trois grandes missions :
||| la création, la production et la diffusion de musiques actuelles ;
||| l’accompagnement des pratiques musicales, qu’elles soient professionnelles ou amateurs ;
||| le développement d’actions culturelles.

À ce titre, les SMAC proposent une programmation régulière de concerts couvrant l’ensemble des esthétiques des musiques actuelles. Certaines peuvent se concentrer sur une esthétique singulière tandis que d’autres ont une programmation plus hétéroclite.
Elles soutiennent également la création artistique en mettant en avant des artistes émergents mais aussi en offrant des espaces de répétition, des résidences artistiques, ainsi que des formations ou conseils adaptés aux besoins des artistes.
Enfin, elles mènent des actions culturelles sur leur territoire, favorisant l’implication des habitants dans la vie artistique et culturelle de la structure.

A partir de ces trois axes, les structures labellisées « Scène de Musiques Actuelles-SMAC » définissent leur projet en fonction de leur environnement, des bassins de vie et des moyens dont elles disposent.

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Culture & Patrimoine
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Arts plastiques et visuels
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Photo et écologie | Positifs

Villa Pérochon

La Villa Pérochon est un Centre d’Art Contemporain Photographique à Niort (79) labellisé d’intérêt national. Elle s’engage pour que photographie et écologie soient compatibles : en soutenant des projets portés par des artistes mais aussi en inscrivant cet enjeu au cœur du projet de direction même de la structure.

Photo et écologie

Les enjeux environnementaux étaient déjà identifiés par l’ancien directeur de la Villa Pérochon, Patrick Delat, comme des sujets photographiques à valoriser. Ainsi, en 2024, à l’occasion des 30 ans des Rencontres de la jeune photographie internationale, Patrick Delat avait proposé le thème « 30 ans après ? ». Un duo d’artistes avait alors exposé son travail Exîle, une série de clichés mettant en scène un homme seul sur une île déserte, questionnant l’avenir de l’argentique et de notre planète. De plus, Tao Douay et Adrien Pontet, pour ce projet, ont expérimenté une nouvelle chimie de développement photographique à partir de végétaux.

Projet Capsule

Projet Capsule

Cette exposition a été la première pierre d’une collaboration plus longue avec la Villa Pérochon. Tao Douay et Adrien Pontet sont depuis des invités de la Villa Pérochon pour une résidence de recherche-création jusqu’en 2027. Le directeur actuel, Philippe Guionie, a accueilli ce projet de résidence longue avec enthousiasme, l’incluant dans son projet de direction résolument empreint de ces questionnements écologiques et environnementaux.

Une chimie végétale

Une chimie végétale

Tao Douay est un photographe résolument attaché à la pratique argentique. Or, les scientifiques annoncent clairement une pénurie de l’argent, matériau indispensable à cette pratique.
A partir de ce constat, il a alors cherché des alternatives, soucieux de continuer la photographie tout en étant en adéquation avec ses convictions écologiques. Il expérimente alors des chimies végétales et poursuit ce travail de recherche à la Villa Pérochon. Pour cela, Adrien Pontet et Tao Douay, ont à leur disposition un bout du jardin de la Villa pour y faire pousser les plantes nécessaires et pouvoir les utiliser directement ensuite dans le laboratoire photographique situé dans les étages. Ainsi, lors de leur résidence, ils vont pouvoir tester des végétaux pour remplacer les produits chimiques (nocifs pour l’environnement mais aussi pour les laborantins qui les manipulent) lors des différentes étapes du tirage photographique :

  •  lors du bain révélateur qui emploie de l’hydroquinone,
  • pour le bain d’arrêt utilisant l’acide acétique,
  • et enfin pour le bain de fixation utilisant de l’hyposulfite de sodium.

Rendez-vous en 2027 pour découvrir l’aboutissement de cette résidence de recherche-création d’une durée de 3 ans.

Frise photos | photos de William Windrestin
L’écologie au cœur des projets de la Villa Pérochon

L’écologie au cœur des projets de la Villa Pérochon

Philippe Guionie est directeur de la Villa Pérochon depuis juin 2024. Il porte au sein de la structure et dans les projets qu’elle soutient une politique écoresponsable affirmée. Ainsi, la Villa Pérochon s’ouvre aux résidences croisées entre artistes photographes et chercheurs sur ces mêmes questions.

« Ça fait écho au projet que je souhaitais porter à la Villa Pérochon : fabriquer l’image photographique mais aussi au croisement de disciplines nouvelles, et notamment celles qui questionnent les enjeux environnementaux. »

Philippe Guionie, directeur de la Villa Pérochon. –

La Villa Pérochon porte des projets qui questionnent l’environnement proche de Niort, à l’image du projet de péniches dans le marais poitevin avec à bord un collectif pluridisciplinaire (photographie, son, vidéo…). Ce collectif est en autonomie totale, pour une période de deux fois 15 jours dans l’année. C’est-à-dire, conduire la péniche, dormir et se nourrir sur la péniche et être en interaction avec la population locale pour recueillir des témoignages sur la mémoire de l’eau, l’histoire du marais…

Il n’est plus à démontrer que la prise en compte des enjeux écologiques est pleinement intégrée à la Villa Pérochon qui se veut être un centre d’art agissant.

« Un centre d’art est au centre d’une société. Il ne peut pas être à côté. »

Philippe Guionie –
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