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Écriture plurielles au plateau

Dispositif numérique Shangri-La © Thierry Laporte
Mis à jour le 03 décembre 2024

Du 5 au 9 décembre 2022, 3 membres du Collectif Or Normes ont donné une master class sur la convergence des écritures plurielles au plateau à la Faculté de Lettres et Langues de Poitiers : « Écriture plurielles au plateau | Transmission de savoir-faire artistiques et numériques ».

Objectif de la master class

Christelle Derré (directrice artistique et artiste transmédias), Martin Rossi (artiste développeur, concepteur numérique et scénographe) et David Couturier (sound designer et musicien) ont ainsi partagé la méthodologie de travail artistique et technique que le Collectif Or Normes applique pour produire les projets artistiques et numériques avec des étudiants issus des parcours CTC (Cinéma et Théâtre Contemporain) et AMS (Assistant à la Mise en Scène), du master [Arts], de la Faculté de Lettres et Langues de Poitiers.

La convergence des écritures plurielles au plateau concerne l’écriture :

  • du son (musique et sound design)
  • de l’image (fixe et animée)
  • du texte (scénarisation)
  • du vivant (les comédien·nes)
  • de la scénographie (le décor, création d’un espace fictionnel au sein de l’espace tangible)
  • du code

Nous retrouvons l’ensemble de ces écritures au sein des projets artistiques et numériques produits au Collectif Or Normes, savamment étudiées et orchestrées pour que leur synchronicité réponde à l’exigence dramaturgique souhaitée.

Retour d’expérience du Collectif Or Normes

Retour d’expérience sur l’adaptation de la BD Shangri-La

Ces écritures plurielles sont le résultat d’un duo à la tête du Collectif Or Normes, Martin Rossi et Christelle Derré, qui se traduit par l’écriture du code au service de l’écriture de la scène. Cette identité artistique a donc été partagée avec les étudiants en leur faisant part, notamment, de la dernière co-production artistique entre le Collectif Or Normes et Umanimation : l’adaptation de la bande-dessinée Shangri-La de Mathieu Bablet en un BD concert immersif.

« La station USS Tianzhu orbite autour de la Terre.
Dernier refuge d’une humanité qui a détruit son berceau.

À l’intérieur, Tianzhu Enterprize gère tout.
La nourriture, la technologie, l’information, la pensée… tout.
Employés par celle-ci, Scott et Virgile écument des stations de recherches où des phénomènes étranges se passent, où des hommes meurent dans d’étranges circonstances.

Il faut faire taire les rumeurs et oublier ces incidents encombrants
car Tianzhu a un grand projet : l’Homo Stellaris.
une nouvelle race créée par les hommes pour repeupler Titan sur le plateau de Shangri-La. »

Extrait de l’article Utopiales 2017 de Nicolas Winter.

Une question est vite survenue pour adapter cet ouvrage en un projet artistique : comment rendre compte fidèlement de l’univers et de l’histoire Shangri-La créés par l’auteur Mathieu Bablet au format double-page (celui de la BD), en un BD concert immersif ? D’après Christelle Derré, la réponse résidait dans l’étude de l’expérience spectateur : faire en sorte que le spectateur se sente concerné par l’histoire, qu’il vive l’histoire par procuration. Pour ce faire, le public est au cœur d’un dispositif scénographique au format quadrifrontal, ce qui lui donne l’impression d’être à bord du vaisseau USS Tianzhu et d’être à la fois témoin et participant de l’histoire. Celle-ci est ensuite donnée à voir et à entendre au rythme de la musique Soap Opera/electro jouée en live par trois musiciens.

Dispositif numérique Shangri-La © Thierry Laporte
© Thierry Laporte

Pour réaliser cette co-production, les compétences du Collectif Or Normes se sont liées à celles d’Umanimation, studio d’image animée. L’identification de ces deux structures est intéressante à avoir en tête puisqu’elle fait écho aux intitulés des deux parcours du master Arts de Poitiers.

Exercice pour les étudiants

Exercice donné aux étudiants

À partir de là, et dans le prolongement de ce savoir-faire témoigné aux étudiants, Christelle Derré, Martin Rossi et David Couturier ont conduit les étudiants à s’immerger dans l’univers de la science-fiction, avec la dernière bande dessinée de Mathieu Bablet, Carbone et Silicium, publiée en 2021 aux éditions Ankama. À partir de cet ouvrage, les étudiants devaient se prêter au même exercice, à savoir comment rendre compte d’un univers fictionnel couché sur le format double page en une forme théâtrale, tout en liant l’écriture du numérique à celle de la scène ?

« 2046. Directrice de recherche aux laboratoires Tomorrow Foundation, Noriko Ito met au point deux prototypes d’une nouvelle génération d’androïdes destinée à accompagner l’humanité vieillissante.

Basés sur les progrès en matière d’intelligence artificielle visant à créer un être à la fois intelligent et sensible, scindé en deux entités complémentaires, Carbone – le blanc, féminin – et Silicium – le noir, masculin – vont ainsi refléter l’ambivalence humaine : raison ou passion ? Soif de découvertes ou sédentarité ? Le corps et l’esprit, la matière et l’immatérialité des réseaux informatiques. Programmés pour vivre quinze ans, ces Adam et Eve robotiques vont néanmoins parvenir à s’émanciper.

Lors de leur première sortie hors du laboratoire, ils seront séparés lors d’une tentative d’évasion. Carbone, piégée par des jambes défaillantes restera, illustration du monde de la raison, Silicium s’enfuira, nomade partant à la découverte du monde, assouvissant ses désirs et émotions. Mais ils se retrouveront ponctuellement, trouveront les moyens de se perpétuer pendant près de trois siècles. Et ils accompagneront ainsi, comme des observateurs un peu détachés l’évolution d’une humanité déclinante, confrontés aux désastres écologiques, aux crises politiques et sociales. » 

Daniel Muraz, Carbone et Silicium, le robot et l’avenir de l’homme, Courrier Picard, 31 janvier 2021.

Après avoir lu la bande dessinée en amont de la master class et avoir émis des souhaits de sujets sur lesquels iels souhaitaient travailler, trois groupes d’étudiants se sont constitués. Ainsi, durant 5 jours, chaque groupe a réalisé l’ensemble des étapes de travail nécessaires pour aller jusqu’à la présentation des formes théâtrales et numériques :

  1. réflexion
  2. scénarisation
  3. création
  4. restitution
  5. présentation

Pour ouvrir le champ des possibles artistiques et techniques et rendre les formes théâtrales et numériques pensées par les étudiants réalisables, le Collectif Or Normes a mis à disposition des trois groupes du matériel technique : vidéoprojecteur, câbles d’alimentation, rallonges électriques, logiciel et matériel informatique pour produire de la MAO (musique assistée par ordinateur), éléments de décors, etc. Ainsi, les étudiants avaient en leur possession différents outils pour aller jusqu’au bout de leurs souhaits artistiques.

Pour rendre compte des trois travaux réalisés par les étudiants, le Collectif Or Normes vous propose de découvrir leurs projets dans des articles dédiés à la fin de cet article.

En parallèle et suite aux formes théâtrales réalisées, les étudiants devaient se prêter à l’exercice de l’écriture de leur projet pour le partager avec Christelle Derré au sein de la plateforme numérique Trello, un outil de gestion de projet. Au sein de cet espace de rédaction numérique, les étudiants ont pu renseigner le synopsis de leur projet, la fiche technique et la note d’intention.

Ces trois éléments rédigés prolongent la transmission des savoir-faire à acquérir lorsque des artistes montent un projet, puisque ce sont ces éléments qu’il faut communiquer (a minima) auprès des structures qui accueillent les projets artistiques.

Savoir présenter son projet

Savoir présenter son projet

Le Collectif Or Normes a été très heureux de partager un dernier moment avec les étudiants en les accompagnant dans leur première présentation publique. Le 19 mars 2023, les étudiants ont participé au festival art et science TekArt, organisé par la Ville de Marmande, ville à laquelle Christelle Derré est artiste associée depuis janvier 2023. Dans le cadre de ce festival, ils ont présenté les trois performances théâtrales et numériques réalisées lors de la master class donnée par Collectif Or Normes. Ainsi, grâce à leur venue et à leur participation au festival, des dernières clés théoriques et pratiques leur ont été transmises en ce qui concerne la régie de production et la régie technique comme :

  • faire une fiche technique ;
  • rédiger une fiche présentant leurs formes artistiques transmises à la communication de la ville ;
  • faire une feuille de route ;
  • faire un chargement et s’organiser pour les transports et l’hébergement.

De cette manière et dans le cadre de cette master class (et même au-delà), les étudiants ont pu rêver, créer et présenter publiquement leur travaux. Ils ont ainsi été témoins et praticiens de l’ensemble de la chaîne de création et de diffusion d’une production artistique.

Témoignages des étudiants

Témoignages des étudiants

Suite à cette semaine de formation, Manon Picard (chargée d’étude sur les fictions interactives et immersives à Collectif Or Normes) a interrogé les étudiants pour récolter leurs impressions et ce qu’ils retenaient de ces cinq jours de transmission. La réponse est unanime : à partir de maintenant, les étudiants ne vont plus penser les projets comme auparavant.

Ils s’accordent à dire qu’avec le numérique, d’autres portes à l’exploration du sensible ont été ouvertes. Par exemple, la vidéoprojection, l’écriture du son pour penser l’habillage sonore d’un espace comme on pense la reconfiguration d’un espace par l’utilisation d’un décor ont été une véritable révélation. Le partage et la mise en pratique de l’écriture numérique liée à celle artistique est un outil de plus qu’ils ont en leur possession pour rêver et réaliser des projets transversaux en termes d’hybridité artistique, technique et numérique.

Pour la première fois, nous [les étudiants] avons pensé grand et c’est la première fois que ça se réalise. C’est très agréable d’aller jusqu’au bout de ce que nous avons pensé.

Marine –

Valentin prolonge ce témoignage en nous confiant que : « le numérique donne une autre dimension au spectacle vivant. » De plus, selon Camille « lors de ce stage, tout a été rendu possible. » Quand il y aura un projet artistique maintenant, elle souhaite penser et concevoir son projet avec le maillage des écritures plurielles permettant de travailler une complémentarité de discours. Quant à Lucie, elle nous fait part du fait qu’elle n’avait jamais utilisé l’ensemble de ces outils techniques et, qu’à présent, elle les utilise pour son projet professionnel, notamment la vidéoprojection.

Article rédigé par Manon Picard, chargée d’étude au Collectif Or Normes

Les projets des étudiants
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