Arts Plastiques et visuels : les arts de « l’installation » ébranlés par la crise
Créer des images, sur une toile, une planche, une diapo ou un espace d’installation consiste à accrocher notre mémoire, saisir un peu de place de stockage dans nos cerveaux tout en les interpellant et en créant du sens et des émotions. Viser la persistance rétinienne et la mémoire pour toucher le cœur, c’est là que réside la puissance des arts visuels, depuis l’aube de l’humanité, de l’art rupestre aux installations les plus contemporaines.
Les arts visuels ont depuis bien longtemps dû s’adapter aux évolutions technologiques, et travailler avec. La création peut avoir totalement intégré (voire même accéléré) les avancées numériques, comme ce fut le cas pour la photo qui a connu le virage du numérique dans les années 2000, ou encore les installations d’art contemporain qui intègrent de plus en plus les nouvelles technologies. Et même si la création peut conserver des techniques traditionnelles, comme par exemple en peinture ou sculpture, la diffusion supposera très souvent des reproductions numériques pour circuler sur le web, avec son lot de droits d’auteurs pour protéger les artistes. À cela, on peut également ajouter depuis la fin des années 50, l’apparition des arts dits “numériques”, grandissant en même temps que la puissance des ordinateurs et des robots, qui ont évolué avec des sous-catégories spécifiques telles que la « réalité virtuelle », la « réalité augmentée », « l’art audiovisuel », « l’art génératif », ou encore « l’art interactif » venant compléter les désignations techniques du Net-art, de la photographie numérique ou de l’art robotique. L’exploration iconographique a supposé l’exploration des possibles dans toutes les dimensions, et la co-construction en même temps que les nouveaux usages des publics. Les arts visuels ont participé largement à la construction des nouveaux médias, à cette nouvelle culture en ligne et donc à ses nouvelles formes de réception de l’art. Aujourd’hui, des artistes produisent directement sur les réseaux sociaux, sans se soucier des modèles de production et de diffusion classiques, à l’instar de Cécile Hoodie ou l’artiste peintre multimédia Johanna Tordjman ou encore d’autres artistes issus de disciplines traditionnelles qui ont su s’emparer des nouveaux espaces d’expositions virtuels. Les technologies sont intrinsèques à la création qui est boulimique de ses évolutions modernes et qui investit totalement les questions sociales que pose la relation homme-machine. Le confinement n’a rien amené de particulier ; il a juste accéléré la mise en lumière des arts visuels sur la toile. On constate que les lieux de diffusion traditionnels comme les musées, les galeries, ont également adapté très rapidement leurs modèles pour le web. Les expositions virtuelles, les outils de médiation ont explosé aux premiers jours du confinement, partout dans le monde.
En Nouvelle-Aquitaine, on peut observer les adaptations rapides des lieux de diffusion. Les lieux de résidence ont plus pâti des mesures de précaution sanitaire. Les impacts économiques des fermetures seront à l’image du secteur, où l’extrême précarité des artistes auteurs côtoie l’immense richesse de certains artistes et lieux. Confinés, c’est probablement une grande partie du quotidien d’un artiste-auteur pour réfléchir, chercher et produire. De ces longs moments de gestation il résulte souvent une grande précarité, car ce travail de forcené ne coïncide malheureusement pas avec le modèle du travail légitime, celui qui se contrôle dans un lieu dédié, celui qui se voit. Le confinement vient-il alors bouleverser le traditionnel schéma précaire des plasticiens ? Selon une enquête sur le secteur menée par le CIPAC (fédération des professionnels pour l’art contemporain) le covid-19 a bouleversé les équilibres précaires, avec des suspensions d’expositions, d’actions d’éducation artistique et culturelle, l’annulation de résidences et surtout l’annulation ou le report des lancements d’expositions.
Création confinée
Le 27 avril dernier, Mediapart consacrait un bel article à l’œuvre de l’artiste Abraham Poincheval, qui a dédié sa vie et son œuvre au confinement au travers de performances bien connues du grand public. C’est donc la bonne période pour se replonger dans ses expériences artistiques extrêmes qui font de son art “un engagement physique et psychologique total et profond. Ces expériences limites font appel à nos capacités d’adaptation en conditions extrêmes. Et par là à des formes de résilience, c’est-à-dire de survie et de soin”.
Le confinement peut être une chance, celle de renoncer au mouvement perpétuel.
Si son œuvre incarne désormais la période la plus surprenante que le monde ait connue depuis la seconde guerre mondiale, il faut également regarder les expériences artistiques qui cherchent à s’affranchir de ce confinement pour continuer d’accompagner les internautes, les parents, les élèves depuis chez eux.
En Nouvelle-Aquitaine, l’association bordelaise IDI, qui s’occupe de faire intervenir des artistes plasticiens dans des structures sociales, a développé le dispositif l’Image multiple ; repris par de nombreux artistes et à toutes les sauces depuis le début du confinement ! Il s’agit d’une série de photographies numériques prises dans un décor choisi ou construit et d’un photomontage faisant apparaître le ou les personnages plusieurs fois dans la même image. Le confinement devient également prétexte à de nouvelles formes de commissariat artistique mené par des artistes membres du réseau néo-aquitain Astre, avec l’opération Vu de ma fenêtre, ou chaque jour, un membre du réseau présente une action ou une œuvre. Les jeunes artistes en devenir de l’ENSA de Limoges, ont également mit en place un récit collectif sur leur site, récit de leur confinement visuel et littéraire intitulé Et pendant ce temps.
Au delà de ces initiatives liées au confinement, les artistes néo-aquitains usant fréquemment des technologies numériques dans leurs travaux de recherche artistique ont-ils été moins impactés par la crise sanitaire, forts de ces compétences utiles et précieuses ? Selon leurs situations personnelles à l’instant du confinement, on se rend compte que les ressources technologiques sont tributaires du lieu du confinement qui n’est pas toujours le domicile ou l’atelier de chacun. Nous avons interrogé 3 artistes du territoire, sur leurs conditions de travail en confinement, ainsi qu’une représentante d’un lieu de résidence ; la coupure avec leurs ateliers et leurs outils semble malgré tout préjudiciable à la continuité des actions en cours avant la crise. Le confinement semble avoir accentué les conditions précaires de travail pour les artistes plasticiens.
Témoignage de Véronique Béland
En résidence d’écriture à la maison Julien Gracq, l’écrivaine et plasticienne Véronique Béland présente ses méthodes de travail en période de confinement et expose les conséquences de la crise sur ses travaux en cours et la diffusion de ses créations.
Artiste multidisciplinaire, Véronique Béland travaille principalement dans les domaines des arts numériques et de la littérature. Elle s’intéresse à des phénomènes insaisissables à échelle humaine qu’elle tente de rendre perceptibles à travers ses œuvres.
Témoignage de Cécile Léna
Cécile Léna, directrice artistique et scénographe de l’association Léna d’Azy explique les effets du confinement sur ses projets et sa création artistique. Elle évoque les changements engendrés par la crise sur ses travaux et ses processus de création.
Léna d’Azy produit des spectacles immersifs et développe un travail de médiation autour de la création théâtrale et scénographique. L’association fait entre autres coexister au sein de ses créations les techniques artistiques et traditionnelles des maquettes avec les techniques et technologies du numérique.
Témoignage d’Alexis Choplain
Aurore Claverie, directrice artistique de la résidence artistique La Métive en Creuse, présente les effets du confinement sur l’activité du lieu et la manière dont elle tente de poursuivre la diffusion de la culture et de l’art. Alexis Choplain, artiste multidisciplinaire en résidence artistique à la Métive, évoque ses projets en cours et la manière dont il envisage le numérique dans son travail.
La Métive est un lieu de résidence de création artistique pluridisciplinaire implantée à Moutier d’Ahun (Creuse), elle accueille Alexis Choplain en tant qu’artiste multidisciplinaire en résidence longue depuis octobre 2019.
Cultivez-vous ! C’est le printemps !
Depuis le début du confinement, la crise est devenue le prétexte idéal pour inciter les français à se cultiver. Pour les arts plastiques et visuels l’enjeu n’est pas nouveau, la transmission des images, leur bonne compréhension fait partie intrinsèque de la réception des œuvres elles-mêmes. Dans un monde multimédia, cette fabrique d’images adaptée aux nouveaux usages nécessite encore plus de développer une culture de la réception. Dans notre société moderne, trop rares sont les endroits où se développe l’éducation aux images qui apporte une analyse et une compréhension de leurs différents niveaux de lecture. Dans un monde technologique où l’image se multiplie de façon exponentielle et s’impose à nos cerveaux sans concession, il est urgent de rappeler que la connaissance des arts dits visuels est un excellent moyen de savoir appréhender notre univers numérique. Alors le confinement est vendu à qui mieux mieux comme la période idéale pour la découverte, la flânerie artistique, la suggestion, voire l’étalage de références. Tous les médias à l’instar de France Inter se sont emparés de la culture pour en faire leur échappatoire aux nombre de morts, pour transcender le réel de la renonciation aux libertés les plus élémentaires. Cette grande période de médiation s’adresse aussi aux enfants dans les médias en ligne et le web devient la foire aux catalogues de promenades en ligne, à Paris notamment, aux mooc, tutos et autres pédagogies culturelles sur l’histoire de l’art. Le projet de pédagogie le plus intrigant est le beau projet Prisme 7 du centre Pompidou. Il s’agit d’un nouveau jeu vidéo pour les plus de 12 ans réalisé par des artistes numériques et dont le but est de découvrir les émotions à partir de 40 œuvres issues des collections du centre. Depuis sa plateforme, le jeu s’adresse au grand public comme aux enseignants qui souhaitent l’utiliser comme matériel pédagogique. Ce projet de grande ampleur pourra sans doute bénéficier d’une sortie en plein confinement, mais rares sont les projets numériques culturels qui peuvent être mis en place rapidement depuis le confinement. Les acteurs culturels s’adaptent donc en essayant de maintenir une diffusion de leurs actions a minima sur le web. C’est le cas pour deux structures néo-aquitaines comme Art nOmad et le Frac Méca.
Habitués à sillonner les routes du Limousin, l’association art nOmad (87), structure mobile dédiée à la médiation et dont le camion transporte à son bord des œuvres d’artistes, de la documentation spécifique et tout le matériel nécessaire à la pratique des arts plastiques, tend à poursuivre ses actions en partageant sur son blog, sa chaîne Youtube et sa page Facebook quelques incitations à « commettre de l’art ». Il faut signaler le travail conséquent mis en ligne sur Instagram par le peintre corrézien Olivier Masmonteil qui partage sa connaissance des arts dans son Journal de la culture, où il traite des thèmes comme le Nu, le Paradis ou encore le street art. Ici, le regard d’un artiste dans la transmission de sa vision comme de son savoir est intéressant et reste une action originale en période de confinement ; ce sont plus souvent les acteurs de la médiation qui ont mis en place des projets d’acculturation en ligne.
Se cultiver en pratiquant l’art est aussi une méthode très utile pour développer la créativité des parents comme des enfants. À partir des œuvres des collections des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) de la Nouvelle-Aquitaine, les artistes Aurélien Mole et Marcelline Delbecq proposent une exposition autour de la question du temps, de la lumière et de la persistance rétinienne. En écho à l’exposition qui était programmée au Frac Méca Nouvelle-Aquitaine, et qui a été annulée, l’atelier Fais ton cinéma est maintenu sur le web ; le but est de concevoir un phénakistiscope, jouet optique précurseur du cinéma permettant de créer des images animées ; il faut envoyer les créations à l’adresse mail mediation@image-imatge.org ; elles seront transformées par les artistes en gif animés et partagées sur leurs réseaux sociaux.
Diffusion à profusion sur le web
Les lieux de diffusion dans le domaine se sont adaptés plutôt rapidement à la situation. En dehors d’une utilisation basique de communication pour inciter les publics à se déplacer, certains lieux avaient déjà fortement évolué dans leurs utilisations des nouvelles technologies, développant des muséographies interactives, des outils de médiation numériques innovants comme par exemple de la réalité augmentée développée par Orphéo et son projet Unmute Art. Ce sont les petites galeries indépendantes qui semblent avoir le plus de difficultés dans cette crise comme le présente France 3 Val de Loire dans son reportage sur sa région.
Les musées, forts de leurs équipes et de leurs compétences, ont rapidement mis en ligne des contenus. Les grands musées nationaux comme la Fondation Giacometti à Paris diffuse sa conférence en ligne ou des ateliers pédagogiques pour les enfants. Vous trouverez des recommandations sur tous les médias pour découvrir les plus grands musées du monde en sessions virtuelles. Les musées de Nouvelle-Aquitaine ne dérogent pas à cette frénésie de diffusion web. Le CAPC, Musée d’art contemporain de Bordeaux diffuse des conférences sur l’art contemporain, le musée des Beaux-arts de Limoges dévoile sa collection en ligne, et tous les opérateurs culturels de la ville de Bordeaux contribuent à l’opération Un jour / une œuvre sur le site de la Ville pour proposer à ses habitants de découvrir ou redécouvrir des œuvres issues de leurs collections. À Pau, l’espace dédié à l’art contemporain, le Bel ordinaire, s’amuse à produire une exposition IN VITRO #3, concoctée par Lola Meotti et Elodie Bernard et valorise le travail de ses résidents créateurs comme Georgette Power qui finissait sa présence en plein confinement. À découvrir également à Pau, sur la vitrine du Le Taylor Bistrot, une visite virtuelle de l’exposition New way of living de Sabine Delcour.
Les Fonds régionaux d’art contemporain de Nouvelle-Aquitaine se sont également mobilisés pour pallier la fermeture de leurs lieux d’exposition et l’arrêt de leurs actions de médiation. Le Frac Poitou-Charentes a créé un site de substitution à l’exposition Plan A qui était prévue en ses lieux. Son contenu est appelé à s’enrichir tout au long du confinement. Le Frac Artothèque quant à lui a choisi de présenter sa collection de manière permanente et propose chaque mercredi des ateliers ludiques à faire à la maison avec des objets qui nous entourent et en lien avec des œuvres de ses collections, intitulés “Recettes”. Il publie régulièrement des posts liés au confinement et aux artistes sur ses réseaux sociaux Facebook et Instagram. Le Frac Méca quant à lui a déjà développé plusieurs axes numériques notamment sa collection en ligne, un outil de médiation numérique Expo PopUp : devenez commissaire d’exposition en 3D qui permet de parcourir la vie d’une œuvre d’art contemporain au Frac, de son acquisition à sa présentation au public à travers des ressources multimédia et de créer son exposition virtuelle à partir d’œuvres de la collection. Il propose également des webdocs, mini-série drôle et pédagogique sur l’art contemporain et de nouveaux contenus confinés sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, notamment la rubrique « Le monde vu par ma fenêtre ».
Les galeries d’art indépendantes et les salons sont dans une situation assez critique et cette crise sanitaire pourrait également devenir une crise des lieux de vente d’art. Des galeries à l’international semblent avoir le rebond nécessaire pour développer des projets d’expositions de leurs artistes en ligne, mais en Franc on cherche les initiatives marquantes. Certains lieux ont mis en place des appels aux dons pour soutenir les artistes, d’autres proposent une visite virtuelle de leur exposition comme le fait la Galerie Guyenne Art de Bordeaux, mais les réseaux comme Bordeaux galeries ne développent pas de projet d’envergure. Il faut noter le partenariat fort entre le festival accè)s( et l’ÉSAD Pyrénées qui ont décidé de joindre leurs énergies pour développer une plateforme dédiée aux questions liées au numérique dans les champs de l’art et du design, vidæo plateforme d’art et design.
Enfin il faut également citer les expositions virtuelles qui parlent de notre territoire et qui mettent en avant le lien œuvre-territoire. La célèbre Forêt d’art contemporain, dans les Landes, a mis en place un quiz sur Facebook pour apprendre en s’amusant, et vous pouvez encore et toujours continuer de découvrir le Limousin par le biais de centaines d’œuvres (et notamment d’arts plastiques et visuels) de la collection en ligne GéoCulture — Le Limousin vu par les artistes. L’art se diffuse donc beaucoup pendant le confinement mais la création a été fortement perturbée. Il serait intéressant de connaître les retombées pour les artistes de la diffusion en ligne de leurs œuvres, savoir si leurs droits ont été pris en compte dans ces diffusions massives par les musées et autres diffuseurs. Si la communauté des photographes se protège assez bien, il n’est pas sûr que les autres disciplines aient pu obtenir des compensations des annulations de leurs expositions et ventes et de la propagation de leur art sur la toile.
2020, année de la bande dessinée
Il n’est pas sûr que l’on retienne 2020 pour la bande dessinée ; le coronavirus va certainement lui voler la vedette dans la mémoire collective. Afin de préserver les actions de l’année de la BD, le Ministère a donc décidé de les prolonger jusqu’en juin 2021. L’agence régionale de Nouvelle-Aquitaine ALCA, qui bénéficie de la récente mise en ligne de son emedia Prologue, a décidé de maintenir la publication de sa revue Éclairages et propose une avant-première sur le web du numéro dédié à la bande dessinée. Ce numéro explore dans son dossier thématique « l’univers de la bande dessinée » en tentant de prendre un peu de recul pour mieux analyser les questions complexes qui animent aujourd’hui le monde du 9ème art. En cette année de célébration de la bande dessinée, marquée également par une redéfinition du statut et des conditions des auteurs, le treizième numéro d’Éclairages se propose de décortiquer l’histoire de la BD, ses grands mouvements, l’évolution de sa filière économique, etc.
Les dessinateurs sont à l’honneur pour commenter l’actualité dans les médias et les réseaux sociaux comme à chaque crise. L’éducation aux images étant fondamentale dans notre société moderne, les auteurs dessinateurs sont les mieux placés pour transmettre les différents niveaux de lecture, les registres de langage. Une action emblématique de la fondation Cartooning for peace, regroupant plus de 200 dessinateurs de presse internationaux, a été de rendre accessible aux élèves des dessins de presse sur le Coronavirus via l’opération Cartoonavirus. Il s’agit d’un quiz disponible en ligne sur le site de la fondation et qui incite les élèves à s’approprier l’actualité par le regard synthétique du dessinateur. D’autres actions pédagogiques utilisant le dessin sont apparues sur le web ; il faut notamment valoriser celle de la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême et le Centre National du Livre qui ont mis en place des opérations spécifiques autour du dessin, notamment “Toute la France dessine” destinée à mettre en lumière le 9ème art, et un hashtag sur les réseaux sociaux #toutelafrancedessine #lacitebdchezvous. L’année de la BD c’est également l’année où les élèves pourront s’approprier les techniques narratives de la bande dessinée grâce au tutoriel scolaire Comment créer sa propre BD ? proposé par le PREAC Bande Dessinée – Festival BD Angoulême, ou à son concours de dessin dans les classes.
Le secteur reste inspiré face à la catastrophe et les auteurs de BD n’ont pas manqué d’humour sur la toile, comme le constate le journal La Croix dans son article Le confinement inspire les auteurs de BD. France Inter dédie un article en ligne à l’inventivité des auteurs. Certains auteurs ont mis en place sur leurs propres réseaux sociaux des jeux comme Tim et Pénélope Bagieu avec #coronamaison ou Lewis Trondheim et son #jeuLAPINOT. La crise a amené son lot de numérisations de collections d’anciennes revues d’artistes auteurs épuisées, et les scanners ont pas mal chauffé du côté des éditeurs de la région comme Les Requins Marteaux qui ont mis en ligne gratuitement les revues Ferraille Illustré sur leur site internet, ou encore Cornélius, et son fameux Nicole, qui a opté pour la plateforme issuu. Les dessinateurs s’exposent sur le net mais il faut rappeler que la BD, souvent inspiratrice du cinéma, fortement liée à la musique et longtemps en marge des arts plastiques, a souvent une forte inspiration pour le futur. Il faut donc rappeler des projets innovants transmedia parus dès 2013 comme l’excellente BD transmedia MediaEntity de Simon Kansara & Émilie Tarascou. D’abord parue sur Internet, développée dans un premier temps avec Le Transmédia Lab d’Orange, bénéficiaire du Fonds régional Nouveaux médias – Aide à l’écriture puis Prix spécial du jury de « La Nuit des médias » (2013 – 2017), les 4 tomes sont aussi édités chez Delcourt. Il est toujours possible de lire gratuitement les 4 épisodes sur le site www.mediaentity.net.
Le 9ème art a été un initiateur, un éclaireur sur les évolutions ”funestes” du monde futur, sur les échecs du monde moderne. Libre d’innover et d’inventer, les seules contraintes matérielles et techniques résident dans l’imagination des auteurs. Pourtant le monde du dessin souffre encore de son manque de structuration et d’un statut protecteur, à l’instar des intermittents du spectacle. Comme à chaque crise, les dessinateurs de presse sont ressource et leurs dessins sont fortement partagés et compilés sur les réseaux sociaux ou dans la presse. Les créateurs de BD continuent certainement leur confinement habituel, nécessaire à leur création, mais ils ne bénéficient pas d’une reconnaissance au sein de la filière des arts plastiques et visuels. La filière par ailleurs ne semble pas assez structurée et abrite une diversité de situations, la précarité extrême étant pour autant la plus commune. Bien qu’appétents aux techniques du numérique, les artistes plasticiens subissent le confinement de plein fouet dans le maintien de leur travail créatif, mais aussi dans la diffusion de celui-ci. En dehors des grandes institutions et musées en capacité de rebondir et de faire évoluer leur diffusion vers le web, le temps du confinement, les lieux de résidence, les petits diffuseurs indépendants, les interventions dans les écoles collèges et lycées pâtissent véritablement de la situation actuelle. En Nouvelle-Aquitaine, le lancement récent d’un contrat de filière arts plastiques et visuels et la constitution du jeune réseau Astre permet d’ores et déjà d’amorcer l’accompagnement de tous les acteurs de cette filière très peu structurée. Astre diffuse notamment des informations professionnelles spécifiques à la crise sur son site internet utiles à tous les acteurs de ces esthétiques.