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Arcachon
Mise en ligne de l’opération d’Inventaire
L’opération d’inventaire topographique du patrimoine architectural de la ville d’Arcachon vient compléter les différentes études des lieux de villégiature, principalement des côtes françaises, menées par les services de l’Inventaire. Ce thème de recherche mis en place en 2004, alors que l’Inventaire était sous la tutelle du ministère de la Culture a été poursuivi après le transfert des services aux Régions.
Dans le numéro 24 (2014) de la revue In situ consacré à l’ « Architecture et urbanisme de villégiature », Claude Mignot, universitaire et historien de l’architecture, fait un état de la recherche en ce domaine. Pour ce qui est de la ville d’Arcachon, l’Institut français d’Architecture (IFA) a publié Arcachon La ville d’Hiver en 1988. Le TER de maîtrise de Renée Lerouge soutenu en 1991 s’appuie sur cet ouvrage. Par ailleurs, les ouvrages de Michel Boyé, historien arcachonnais et les publications de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du pays de Buch se présentent comme des sources essentielles, savantes et sérieuses.
De la même façon que le cadastre, dont la fonction première est le calcul des impôts fonciers, est utilisé comme document historique (datation, plans masses du bâti, présence ou non d’une parcelle à une époque donnée, chemins etc.), le catalogue d’une agence de location de villas peut contribuer à l’histoire d’une maison et d’un site. À Arcachon, le catalogue de l’agence Ducos publié en 1898 présente un croquis de chaque villa et surtout le plan de chaque niveau avec mention de la fonction des pièces. Les villas sont aujourd’hui pour la plupart en copropriétés, divisées en logements, l’aspect extérieur ayant été conservé.
Arcachon : une station balnéaire face au Bassin
Cartes et plans, gravures et lithographies du début du XIXe siècle, représentent la forêt de la Teste-de-Buch au sud du bassin d’Arcachon, les bancs de sables autour de l’île de la Teste au milieu de la baie, et les dunes formant un désert de sable inhospitalier rendant le littoral inaccessible. La commune d’Arcachon n’existe pas encore. La ligne ferroviaire reliant Bordeaux à La Teste créée en 1841, est prolongée jusqu’à Arcachon l’année même où le site est délimité et érigé en commune par décret impérial le 2 mai 1857. En 2014 la population communale est de 10370 habitants pour une densité de 1371 habitants au km². L’urbanisation est dense au nord et à l’est du territoire communal : Ville d’Été et Ville d’Automne. La ville d’Hiver se présente comme un parc urbain issu d’une opération immobilière. Vers l’ouest, le parc Pereire et le parc des Abatilles séparent de la ville le quartier du Moulleau, situé en partie sur le territoire de La-Teste-de-Buch.
L’opération d’inventaire topographique, aujourd’hui mise en ligne, a pris en compte les éléments relatifs aux « styles » architecturaux, les données historiques, selon une démarche chrono-typologique d’appréhension du patrimoine, inscrite dans son contexte politique, sociologique et idéologique. Le tourisme de loisir a pris aujourd’hui le relais du séjour thérapeutique. Arcachon est une destination connue du monde entier. Par ailleurs, la ville et l’ensemble du Bassin bénéficient ou pâtissent de l’engouement international pour les espaces littoraux.
Si l’architecture pittoresque de la Ville d’Hiver est désormais connue et a donné lieu à des études, le patrimoine des autres secteurs du territoire communal avait été moins pris en compte. La fourchette chronologique originelle des études d’inventaire (du IVe siècle jusque vers 1850) a ici été naturellement étendue à des édifices contemporains – Ifremer et Affaires maritimes par exemple – et à la création récente du « cœur de ville ».
Le thème de la villégiature
La villégiature, sous toutes ses formes, trouve dans le territoire de l’Aquitaine un lieu de prédilection. La présence d’un linéaire très important de littoral accessible, maritime et lacustre, des particularités climatiques, une offre en matière de thermalisme ou de sports d’hiver, la présence de sites d’agrément à proximité des grandes villes constituent autant d’atouts qui ont tout naturellement conduit à une grande activité architecturale, urbaine et d’aménagement du territoire dans ce domaine. Du fait de cette variété, ce sont tous les aspects du phénomène de la villégiature (thermale et médicale, balnéaire, montagnarde, campagnarde, de « bord de ville ») que présente l’Aquitaine, et ce, à toutes les époques, y compris aujourd’hui.
La traduction de cette activité est multiple. L’aspect architectural et urbain en est le plus évident, mais il n’est pas le seul : les différents réseaux qui irriguent ces territoires, par exemple, participent à un phénomène qui ne peut se concevoir sans les voies ferrées, les routes ou les aéroports qui y concourent. Le terme de réseau doit d’ailleurs s’entendre selon un sens très large et englober l’aspect immatériel de cette notion : notamment les réseaux de sociabilité qui sont un élément essentiel. Par ailleurs, les questions d’aménagement du territoire qui lui sont intimement liées sont à envisager là aussi selon une acception étendue, englobant la mise en place continuelle de nouveaux équipements en même temps que la prise de conscience croissante de la nécessité de préserver les espaces naturels majeurs, l’équilibre entre ces deux notions trouvant une illustration tout à fait remarquable dans l’épisode encore peu étudié de la Mission interministérielle pour l’aménagement de la côte aquitaine (la MIACA créée par l’État en 1967).
Sur le terrain classique de l’architecture et de l’urbanisme, la villégiature touche à de nombreux domaines : la villa (selon toute la gamme sociale, qu’elle soit « palatiale » ou modeste) comme les différents équipements (médical, de loisir, social – telles les colonies de vacances dont l’étude fait l’objet d’un programme européen – etc.) ; la ville ancienne adaptée à son nouvel usage comme la ville créée de toutes pièces pour cet usage ; la cité-jardin comme le lotissement paysager ; la ville sous haute surveillance réglementaire comme la ville poussant librement au fil des opportunités.
Restitution de l’opération
Plus de 580 notices historiques illustrées par 2030 images restituent l’opération d’inventaire topographique et sont consultables en ligne.
Par ailleurs, la publication de l’ouvrage «Arcachon» dans la collection Visages du patrimoine (Éditions Confluences, 112 pages, publié à l’été 2016) se présente comme une synthèse de l’opération. Fruit du regard exhaustif porté sur ensemble du patrimoine architectural du territoire communal, l’ouvrage pointe les différentes composantes de ce patrimoine révélées par l’étude du site.