Ostensions limousines : une tradition religieuse devenue patrimoine culturel
Le dimanche 12 novembre marque la clôture des ostensions limousines 2023. Depuis le Moyen Âge, ces manifestations religieuses colorent plusieurs villes du Limousin, devenant au fil des ans de véritables rassemblements populaires, entre religion et folklore.
La particularité des ostensions en Limousin
Les ostensions sont des cérémonies religieuses chrétiennes, très courantes, où l’on procède à la reconnaissance et la présentation de reliques, suivies de processions en l’honneur de saints locaux. L’instauration d’une récurrence, tous les sept ans en Limousin, par le diocèse de Limoges est un phénomène plus rare, mais pas unique pour autant.
Les ostensions limousines ont débuté, comme pour beaucoup de manifestations de ce type, suite à une épidémie très virulente en 994. A l’époque, le « mal des ardents », maladie provoquée par une intoxication aigue due à la consommation de seigle contaminé par un champignon, sévit dans toute l’Europe. Le Limousin et les régions proches ne sont pas épargnées. Face à la gravité de la situation, l’évêque de Limoges décide de s’en remettre à Dieu et organise alors une grande procession autour du corps de Saint Martial (premier évêque de la ville) et d’autres reliques locales. Ces cérémonies réunissent des foules considérables de religieux mais aussi d’habitants.
Face au succès de ces manifestations, elles seront reconduites épisodiquement, puis régulièrement, de façon septennale, à partir de 1520. Une tradition est née !
« Je ne suis pas croyant. Ma ferveur est limousine. J’aime les originalités de ce territoire. Ses contradictions. Ses passions.
Aussi, je ne voulais pas manquer cet événement à la fois religieux et culturel, un brin ancré dans les superstitions locales, peut-être pas si populaire et aux atours parfois anachroniques, mais impressionnant et passionnant par ses rites, son langage, ses lieux et ses gestes. Un moment de patrimoine, qui s’efforce d’être intemporel, à défaut de peut-être vraiment tous nous réunir. »
Un patrimoine culturel recensé par l’Inventaire régional
En 2013, les ostensions limousine ont été inscrites au patrimoine mondial culturel immatériel de l’Unesco.
L’ampleur de ces cérémonies sur le territoire limousin, bien au-delà de la religion et ses pratiquants, ne laisse aucun doute sur le caractère patrimonial et culturel de ces évènements. C’est pourquoi, le service du Patrimoine et de l’Inventaire de la Région Limousin, puis Nouvelle-Aquitaine, s’est emparé du sujet dès 1995, en documentant chaque ostension depuis.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les nombreuses ressources dédiées aux ostensions limousines produites par le service Patrimoine et Inventaire de la Région Nouvelle-Aquitaine.
||| Portail Patrimoine et Inventaire – Ostensions limousines
A chaque ville ostensionnaire ses couleurs
Parmi les villes ostensionnaires les plus anciennes, on compte Limoges, Saint-Junien, Saint-Léonard-de-Noblat et le Dorat.
Tous les sept ans, ces villes se parent de décorations avec des couleurs dédiées à chacune d’elles. Mais au-delà des décorations, ces dernières se démarquent par leurs propositions singulières.
Limoges
L’ouverture de la châsse de Saint Martial est un cérémonial assez spectaculaire. Quatre clés sont nécessaires pour l’ouvrir et chacune d’entre elles est détenue par une personne différente : l’évêque de Limoges, le curé de l’église Saint-Michel-des-Lions (où sont conservées les reliques), le 1er bayle de la confrérie et, plus étonnant, le maire de la ville.
Saint-Junien
La ville de Saint-Junien devient un théâtre à ciel ouvert pour l’occasion. La procession évolue dans un décor végétal et plusieurs scènes religieuses sont jouées, en costumes, dans les rues.
Saint-Léonard-de-Noblat
L’ouverture des ostensions limousines vers l’extérieur est particulièrement marquée à Saint-Léonard-de-Noblat qui invite des délégations internationales vouées à saint Léonard, chacune défilant aux couleurs de leurs confréries.
Le Dorat
Les reliques des saints Israël et Théobald sont escortées par une garde armées, en souvenir de la première cérémonie d’ostensions de la petite ville. Une cinquantaine d’hommes se répartissent trois rôles distincts : une garde à pied accueille aux portes de la ville les délégations des communes et des paroisses invitées et escorte les reliques du Dorat pendant les processions d’ouverture et de clôture des Ostensions ; quinze mousquetaires de Louis XIII composent une garde à cheval destinée à ouvrir les processions et huit sapeurs de Napoléon en grande tenue (bonnets à poils, tabliers blancs et haches sur l’épaule) assurent la garde de la collégiale pendant la sortie et l’exposition des reliques.