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Concert
Création sonore
Samedi 10 Septembre 2022 - 19h

Les Gardiennes du Temple

Création sonore, documentaire et musicale de Benoit Bories et Aurélien Caillaux

Coproduction Le Florida (Agen) & Théâtre des Quatre Saisons (Gradignan).

Au CAFI - Sainte-Livrade-sur-Lot

Restauration sur place - Début du spectacle à 21h.

Gratuit

Les Gardiennes du Temple

CONCERT SPATIALISÉ EN 14.2

En 2022, d’anciens résidents du Centre d’Accueil des Français d’Indochine de Sainte-Livrade, créée en 1956, vivent encore sur place. Les descendants des premiers arrivants y ont grandi, se sont construits dans les conditions
particulières de ce camp d’internement. Certains sont revenus après un parcours de vie les ayant menés ailleurs. Tous se battent aujourd’hui,
chacun à sa manière, pour préserver la mémoire de ce lieu qui les a façonnés.


Les gardiennes du temple suit le parcours de Claudine et Irma, anciennes résidentes du Centre d’Accueil des Français d’Indochine de Sainte-Livrade. Irma y est arrivée enfant, en 1956, et Claudine y est née. Elles y ont grandi, se sont construites dans les conditions particulières de ce camp d’internement, chacune suivant sa voie entre tradition familiale et intégration en terre lot-et-garonnaise.
Irma, qui n’a pas fait d’études supérieures et n’a jamais travaillé, s’est mariée jeune, et n’a pas quitté la région. Claudine, elle, est partie faire des études d’infirmière à Bordeaux, puis est revenue auprès de sa famille, assurant bénévolement un certain nombre de soins auprès des résidents du camp.
Elles se battent aujourd’hui, chacune à sa manière, pour préserver la mémoire de ce lieu qui les a façonnées. Le documentaire les suit dans leurs activités quotidiennes, l’animation de pagodes bouddhistes, la confection de repas traditionnels, tout en retissant l’histoire du camp à travers le fil de leurs souvenirs.

Pour Les gardiennes du temple, Benoit et Aurélien joueront la performance ensemble, à quatre mains. Le fait que le camp ait encore une existence matérielle, bien que fondamentalement différente de ses débuts, ouvre la voie à un nouveau développement en pensant la spatialisation et le jeu performatif in situ dans le lieu de diffusion. En effet, la première représentation aura lieu dans l’enceinte du CAFI. La narration fait ainsi corps avec le lieu de projection sonore et nous pouvons embarquer les spectateurs en leur donnant l’impression que les bâtiments reprennent vie, tels des machines à remonter le temps. Dans cette version in situ, nous allons travailler avec un créateur lumière où le site du CAFI sera dévoilé par parties en suivant la narration documentaire. Les deux artistes ne seront pas visibles par le public dans cette version performative, jouant en régie arrière public.
https://cafi47.com/
Crédits photos Joseph Gobin.
Crédits photos : Joseph Gobin.

Benoit BORIES

Benoit Bories est créateur sonore. Il a produit des documentaires et des créations sonores pour France Culture, Arte radio, la RTBF, la RTS ou la Deutschland Radio Kultur. Son activité de création sonore vient à l’origine du documentaire sonore. Elle s’est transformée peu à peu avec le temps vers des productions plus hybrides alliant des formes empruntant à l’art sonore, la composition acousmatique et au field recording (enregistrement de terrain) tout en en conservant cette volonté de documenter des questions sociétales. Son apprentissage et sa pratique de l’écriture sonore sont basés une formation approfondie en physique, un goût pour l’expérimentation musicale et une envie de se confronter à des questions sociales sur le terrain de ces problématiques. Il tient à garder un rapport artisanal au travail du son. Benoit Bories enseigne la création sonore documentaire à Phonurgia Nova, Faïdos Sonore et intervient auprès de plusieurs écoles d’audiovisuel.
Depuis 2016, il présente ses pièces sous forme de « concert documentaire » et élabore des créations sonores pour le spectacle vivant, ou des installations. Il a collaboré avec plusieurs festivals et lieux culturels pour ses performances (Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Couvent des Jacobins à Toulouse, Hearsay Audio festival en Irlande, Polyphonik en Grèce) et participe régulièrement à des résidences artistiques à l’étranger (Harvestworks à New-York, RMIT et Bogong Center for Sound Culture à Melbourne). Benoit Bories a remporté plusieurs prix et mentions à l’international pour son travail sonore (Prix Europa, Prix Ondas, Prix Bohemia, Phonurgia Nova
Awards, New-York Radio Award, Grand Prix Nova Romania).

Faïdos Sonore

Aurélien CAILLAUX

Aurélien Caillaux est également créateur sonore. Après plusieurs expériences professionnelles dans le domaine de l’urbanisme et un passage par Médecins du Monde, il approche le médium sonore par le biais de la collecte de paroles, qu’il restitue sous formes de balades sonores à Paris, Saint-Laurent du Maroni, et Toulouse au sein de l’association Les Voix de Traverse. Diversifiant sa pratique du son, il mène avec les Voix de Traverse des projets multiples qui mêlent création sonore et littéraire, vulgarisation scientifique, réalisation audiovisuelle, ateliers d’écoute et d’initiation au documentaire sonore en structures scolaires, et projets radiophoniques. Il travaille depuis plusieurs années avec Benoit Bories à la réalisation de créations documentaires acousmatiques.

Les voix de traverse

LE CAFI

https://cafi47.com/

En 1938, le ministère des armées décide de construire, sur le territoire de Sainte-Livrade, dans le Lot-et-Garonne, un ensemble de baraquements destinés à une annexe de la poudrerie nationale. Cette annexe ne sera jamais construite : la guerre ayant interrompu les travaux, le lieu est transformé en camp de transit et d’internement : juifs raflés entre 42 et 43, « centre de regroupement et de réadaptation pour militaires coloniaux » après la guerre, soldats soviétiques. En 1954, après la défaite de l’armée française à Diên Bên Phu, et les accords de Genève qui entérinent la création des Nord et Sud Viêtnam (le premier dirigé par le Viêt-minh, le second fidèle à la France), d’importants mouvements de populations ont lieu. De nombreux civils du Nord fuient vers le Sud, où ils sont accueillis dans des camps de survie. Des milliers d’entre eux sont peu à peu évacués en France, où se mettent en place des camps d’hébergement. Le C.A.F.I, Centre d’Accueil des Français d’Indochine, est installé en 1956 dans les 36 baraquements de Sainte-Livrade. 1160 personnes, dont 740 enfants, y sont alors hébergés, chiffre qui grandira avec l’arrivée de nouvelles familles au cours des mois et des années qui suivront.

L’administration du camp est organisée de manière militaire, sous le contrôle d’un directeur, encadrée d’un ensemble de règles coercitives. Pendant des années, les bâtiments, vétustes, sont cernés d’une clôture, avec un unique portail d’entrée. Le CAFI est relativement éloigné du centre de Sainte-Livrade ; la vie s’organise en interne, et à l’exception des emplois saisonniers dans la région, ou de la scolarité de certains jeunes hors du camp, les contacts avec l’extérieur sont limités. La vie sociale s’organise autour d’un dispensaire, d’une école, de quelques commerces, d’une grande esplanade centrale où jouent les enfants.
Le CAFI évoluera au fil des années, de l’assouplissement des règles, des départs des résidents, des décès des anciens. Il passera sous la tutelle de dix-sept ministères différents, avant de devenir propriété communale en 1981. En 2006, un grand chantier de « reconstruction » du camp est lancé, avec la démolition de nombreux bâtiments, la reconstruction de nouveaux édifices sur l’emprise des anciens, et la transformation du périmètre en quartier d’habitat social « classique ».
Si le CAFI n’existe plus à proprement parler, son histoire imprègne encore les lieux. Trois baraquements ont été conservés à des fins mémorielles ; les autres rappellent dans leur
architecture et leur agencement la structure du camp. Le temple bouddhiste a été réinstallé à l’identique, tout comme la chapelle ; les deux commerces historiques ont été réimplantés. Nombre d’anciens résidents sont décédés (à l’instar des « mamies », doyennes du CAFI, premières arrivées), d’autres sont partis, pendant que des familles Lot-et-Garonnaises se sont installées. Mais quelques uns, comme Claudine et Irma, ou d’autres habitants historiques, continuent de maintenir vivante la mémoire des lieux…